Refuge

Ville Haute -> Quartier des Affaires -> La Fuite

Le quartier historique lui avait tendu les bras comme une mère à son enfant. Libra s'y était précipitée à coeur perdue, finissant ses dernières provisions tout en marchant à travers les vieilles ruelles et les minuscules petites rues. C'était presque étonnant qu'un truc comme cela existâ encore après tant d'année à tout casser pour reconstruire... Tiens ! Elle s'en souvenait de cela ! On dirait bien que la mémoire lui revenait petit à petit... Peut-être que le transfert a été trop chaotique pour être parfait à l'arrivée, immédiatement.

Elle chassa ses recherches d'un coup de main, marchant presque comme une épave cherchant un port d'attache qui veuille bien de lui. Fatiguée, sale, saignant encore, la jeune femme devait être immonde à voir. Pourtant, elle avanaçait toujours. Sa fuite était devenue sa raison de vivre, comme un but en lui-même, sans raison de destination. D'anciennes paroles religieuses lui revinrent en mémoire...

- "L'important dans un chemin n'est pas tant la destination, que la marche à effectuer... "

La jeune femme trouvait cela très juste pour son cas. Depuis ce matin, elle n'avait pas arrêté de courir, de marcher, de fuir, de changer de lieux. Si elle n'était que très rarement sortie de son laboratoire en plus de cinq ans, elle prenait une étrange revanche sur la vie ! Jamais elle n'était allée jusqu'ici, même en voiture (voiture qui ne pouvait pas aller bien loin dans ce quartier là...) ...

Elle soupira et regarda ls ciel qui se piquetait déjà d'étoiles. C'était affreux de penser qu'en une seule journée, sa vie tranquille et monotone avait basculé à jamais dans un chaos dérangeant et affreux, la rendant esclave du Destin, chose qu'elle se mit à détester immédiatement. Etrangement, il eut un pied de nez pour la jeune fille fatiguée, en lui montrant une chapelle. Etrange... dire qu'elle était croyante était vite dit, mais celle qu'elle fut jadis appréciait les enseignements religieux pour la paix intérieur qu'ils procuraient.

Sans se soucier de quoi que ce soit, elle marcha jusqu'à l'édifice religieux et frappa à la porte. Un jour s'ouvrit alors sur un visage fatigué d'un vieille homme, visiblement encore en bure (chore rarissime de nos jours), qui lui tint un langage paisible, d'une voix rauque et basse, presque éraillée.

- Que désirez-vous mon enfant ?
- A... asile... murmura-t-elle.

Ses cours religieux et historique finissaient par lui servir, finalement. Le jour se referma sur l'homme, mais il ouvrit la porte en grand et la laissa entrer. L'espace était froid et vétuste, comme toute vieille chapelle qui se respecte. Mais ils ne restèrent pas là, prenant un petit chemin sur le côté pour accéder à une sorte de dortoir où des paillasses par terre permettaient de dormir.

- J'ai encore de la soupe si vous désirez... proposa le moine (?).
- Non, merci.

Elle était calée par ses provisions et ses émotions. Elle ne réfléchit même pas aux personnes présentes, au moins derrière, Libra avisa une paillasse fait d'un matériaux inconnu et s'affalla dessus. Erintée, morte de fatigue, crevant de désespoire, toute sa journée lui tomba dessus en quelques minutes. Ce furent les minutes les plus longues de son existance !

La jeune femme pleura longtemps, silencieusement, avant de s'endormir lourdement.
Son voyage était-il terminé ?!

***

Libra se réveilla courbaturée et dans le gaz total. Où elle était ? C'était pas son labo... ! C'était pas non plus sa chambre d'étudiante... Elle fichait quoi ici ? Elle releva la tête pour poser son regard autour d'elle : une pièce vétuste avec des paillasses par terre, rien d'autre. Comment était-elle arrivée là, alors ? La jeune femme se leva... et en même temps revint sa mémoire avec un mal de tête effroyable !

- Ohhh... non... pourquoi je me suis réveillée ?!

C'est vrai cela ! Pourquoi fallait-il se réveiller ? Pourquoi on se réveillait toujours quand on en avait pas envie ? Libra se massa la tête, regardant un peu partout autour d'elle. La veille, il y avait quelques personnes à dormir avec elle, mais à la lueur de l'aube, il ne reste que des rayons de soleil qui perçaient par l'ouverture de la porte et des minuscules morceaux de poussières, dévoilés par cette lumière, flottant dans la pièce. Libra se rassit, fatiguée et seule, déprimée jusqu'à l'os. Qu'allait-elle donc faire maintenant ?

- Vous êtes réveillée ? murmura une voix.

Des voix, que des voix, des sons, des paroles, sans jamais de tête, sans jamais de figure, sans jamais de visage. Sa vie se résumait à quelques voix, à des sons et à une explosion...

- Oui.

L'homme était plutôt grand et portait une sorte de récipient avec de quoi avaler. Instruments archaiques qui marchaient à la perfection (encore mieux que les gellules à avaler pour se nourrire). Il lui tendit la chose et la jeune femme vit avec étonnement -et ravissement !- qu'il s'agissait d'une soupe avec quelques petits morceaux de viande... C'était si rare...

- Merci.

Elle se mit à avaler en silence, sous le regard bienveillant de l'homme. Il finit par sortir, sans un mot, simplement heureux de faire plaisir. Libra posa son bol, quand elle eut finit de manger. Sa tête se renversa en arrière pour s'appuyer contre le mur... le silence. Rien que du silence. Une paix intérieur ?

* Je vais rester ici... au moins le temps de comprendre... *

Elle n'osait pas parler dans ce lieu si calme. Libra préféra donc penser et garder ce précieux silence pour elle-même...

Voilà quelques temps qu'il avait changer de camp... Lawrence qui en ce moment espérait trouver sa place auprès des onoris se sentait en effet parfois de trop à Asiantown. Il ne connaissait pas la culture asiatique aussi bien qu'il le voudrait lui même et avait sans cesse peur de commettre des impaires.
Histoire de décompressé un brin, il décida ce jour là d'aller se promener dans le quartier historique. L'étudiant savait qu'il n'y trouverait pas d'ennemis, aussi y était-il détendu.

*J'aimerais vraiment faire plus pour ceux qui m'ont tendu la main.* pensa-t-il non sans amertume.

A l'Okami où il logeait désormais, l'atmosphère était devenue pesante, surtout depuis les réçents événements qui s'étaient déroulés dans les arcanes... Lawrence s'en sentait en partit responsable. Cela ajoutait à son cafard du moment... Enfin pour parachever le tout, il ne savait pas du tout ce qu'il était advenu d'Hellawes et cela finissait de lui mettre la pression.

*Je gache tout et avec tout le monde... C'est vraiment pitoyable.*

Il tourna à l'angle d'une rue pour arrivé devant la chapelle... Maintenant qu'il était là, l'étudiant se rendit compte qu'il n'avait jamais visité cet endroit. C'est un peu par curiosité qu'il y entra mais aussi pour trouver un peu de calme. Il s'assied bientôt sur l'un des banc avant d'observé un vitrail... L'air toujours perdu dans ses pensées, on pouvait se demander si Lawrence était sensible à la vrai beauté du lieu...

*J'espère qu'avec le nouvel an, tout le monde s'apaisera un peu.*

Elle était complètement paumée dans ses pensées, à se demander qui elle était vraiment, quand un bruit lui fit redresser la tête. Alana ou Libra ? Etait-elle vraiment Alana, transformée en Libra ou une clône qui pensait être sa maîtresse ? La jeune femme se glissa vers la porte ouverte et lança un oeil dans la pièce à côté. Elle était à quatre pattes mais s'en fichait éperduement... mieux valait être prudent quand on était recherché.

C'était un jeune homme, assit et pensif. Libra le fixa un long moment, à se demander si c'était du lard ou du cochon. Un paumé ? Ou quelqu'un qui la recherchait dans le quartier ? Un étudiant payé par son père ? Quelqu'un qui n'avait rien à voir ? Dans les trois cas, elle n'avait qu'une chance sur trois pour ne pas être la cible de celui-là... Mince.

* J'ai toujours détesté parier... je gagne jamais ! *

Alors que faire ? Attendre là comme une folle, qu'il se décide à bouger, pour voir qui il était ? Ou aller directement le voir, quitte à fuir une nouvelle fois ? Libra soupira et se rassit lourdement sur ses fesses. Le bruit du tissu craquant sur le sol fut pathétique. La jeune femme regarda un instant ses mains... dire qu'avant, les "vraies" faisaient de grandes choses... mais celles-là ? La capacité de contrôler un ordinateur, elle en avait toujours rêvé...

* Si je parle au passé, c'est que mon expérience à réussi. Oui, MON expérience. Je pourrais m'appeler Libra Alana... ainsi, plus jamais je n'entendrait ce nom infâme de cet homme qui ne m'a pas donné la vie. *

Bha oui, après tout, même si elle était Alana dans son clône, elle n'était plus dans son corps d'origine... Libra est née d'une éprouvette, même si elle est la copie conforme de son corps humain. En plus, maintenant, elle était une chimère... deux bonnes raisons pour ne plus se considérer comme la fille de Mr Shirayanagi...

* Bon allez, ma fille ! Reprend toi ! Si sa s'trouve, c'est un fuitard comme toi... *

Et puis elle se sentait trop seule et trop paumée. Elle était habituée depuis belle lurette à la solitude, mais c'était dans un labo, en sécurité... Maintenant, Libra n'était en sécurité nulle part, ne s'appelait plus Alana et n'avait plus le même caractère. Décidement, ce n'était pas sa semaine...

La jeune femme sortit discrètement de la pièce et alla s'assoir vivement dans un coin. Elle observa discrètement le nouveau venu, de loin, afin d'être prête à toute éventualité, si il la cherchait...

Fallait pas se leurrer, elle était pourchassée, mais elle ne pourrait pas rester toute sa vie dans cette chapelle et seule...

Lawrence qui était bel et bien perdu dans ses divagations avait un peu oublié de son côté où il était, c'était l'un de ses trait majeur de caractère, être rêveur. On ne peut pas dire que ce genre de comportement collait à la vie difficile de la cité mais au fond peut important, l'étudiant ne tenait pas spécialement à ressemblé à cette ville plutôt lugubre.

*J'ai loupé mon époque, j'aurais du vivre au XIXè siècle...*

Il laissa échappé un soupir qui fit volé un instant l'une de ses mèches folles, alors qu'un sourire un peu désabusé se dessina sur ses lèvres. Quel idiot il pouvait être parfois, personne ne choisit son époque mais on peu cependant choisir sa liberté.

*Je devrais arrêter de me plaindre sérieux, la vie n'est pas si mal.*

Son sourire un peu flou restait collé à son visage lui donnant un air doux... quoique un peu niais avons le.

Quelques temps avait du passer depuis qu'il était entré dans la chapelle, une durée non mesurable par l'humain car quand il était aussi pensif, monsieur pouvait y passer des heures sans s'en rendre compte, parfois à son grand dépit lorqu'il revenait à la réalité de manière brutale, se rendant compte à ce moment donné qu'il était en retard et par là même dans la galère.
Cela arriva non pas des heures plus tard, mais juste quelques minutes à vrai dire, quand un je ne sais quoi dans l'air lui chatouilla le nez et le fit éternuer...

"Atchaaa! Raaah... Merde." dit-il en dépit du lieu et ne sachant pas qu'il était épié.

Il fouilla dans les poches de son long manteau à la recherche d'un mouchoir qu'il trouva avec peine dans le fourbi... Sans y faire attention, le jeune homme laissa alors tomber un papier à terre... Cet étourdi avait laissé s'égarer des papiers d'identification...

"Lawrence le guerrier... C'est fou comme ça sonne mal." pensa-t-il tout haut après s'être mouché.

Il regarda distraitement sa montre et constata avec horreur qu'en jouant les flaneurs, monsieur allait être en retard à Asiantown. Il grimaça et finit par sortit un peu précipitement... Cela en oubliant ses papiers...